Texte d'Ebe Bugatti Galerie Bugatti Type 41 "Royale" Histoire des châssis
1928-41100 1927-41100 1926-41100
1932-41111 1931-41100 1929-41100
1933-41131 1930-41121 1939-41111
1928-41150 1932-41141
La voiture victorieuse
Texte d'Ebe Bugatti Texte établi par l'Ebé Bugatti, fille aînée du constructeur :

La Royale

Prompte et souple comme un être animé, sûre, rapide, puissante, silencieuse, telle est la Royale: rêve magnifique, que plus de trente années d'expériences, d'observations innombrables m'ont permis de réaliser.

Véritable synthèse de mes recherches et de mes réalisations les meilleures, elle est une mécanique vivante. Ciselée jusqu'en ses plus petits détails, la Royale est aujourd'hui tout à fait au point: je suis heureux de pouvoir dire qu'au cours des essais volontairement les plus sévères, j'eus sans cesse la joie de voir cette belle mécanique toujours parfaite, et digne d'être à l'avant garde des progrès à venir. J'ai parcouru une grande partie de l'Europe par tous les temps, à toutes les altitudes, sans jamais constater une défaillance.

Les petites routes des Alpes se sont notamment chargées de me démontrer combien la Royale était souple, maniable, virant partout comme une bicyclette, insensible aux variations de température.

Rapide, sans jamais donner l'impression de l'effort, elle offre toujours le plaisir de se jouer des obstacles de la route. Les dimensions, sans doute les plus grandes actuellement, permettent de réunir dans ce cadre les moyens de satisfaire les désirs les plus divers. L'élégance, la majesté des plus belles carrosseries lui siéent naturellement: les lignes du châssis complétent ses beaux contours en formant un tout harmonieux très personnel.

La suspension, parfaite à tous points de vue, le ralenti qui ne laisse même pas soupçonner le souffle du moteur suscitent la plus vive admiration. L'impeccable tenue de route, d'ailleurs proverbiale pour les Bugatti, rend extrêmement facile et légère la conduite de ce pur-sang merveilleux qui, puissamment, rapidement, avec une sécurité absolue, vous transporte en tous lieux sans la plus petite appréhension.

Rien, enfin, n'a été laissé au hasard, les plus petits détails minutieusement étudiés, chaque problème entouré de la plus prudente sollicitude. Le moment est venu maintenant où je crois pouvoir considérer ce réel chef-d'oeuvre mécanique comme terminé et tout à fait au point: j'ose méme l'accompagner d'une garantie absolue sans limite de temps.

Cet exposé est trop sommaire pour qu'il soit possible de se faire une opinion exacte de la Royale: un essai complet en ville, en montagne, en plaine, est nécessaire: l'imagination seule ne saurait suffire pour comprendre ce que cette construction représente de progrès et de perfection jamais atteints.

MOLSHEIM 1931

Histoire des châssis

ROYALE N° 1 (CHASSIS N°41.100) 1926 1927 1928 1929 1931

La voiture prototype était destinée, à l'origine, au roi phonse XIII (d'où l'appellation «Royale»), qui, finalement, acheta une Duesenberg. Après la carrosserie provisoire Packard, elle fut habillée d'un fiacre nommé «coupé Napoléon». Cette dénomination est parfois donnée au «coupé du patron», que ce dernier utilisait encore aprés la seconde guerre mondiale (Royale n° 6).

Après le coupé Napoléon, le châssis n°1 a été équipé d'une berline pour sept personnes. Ensuite, il connut une autre version sous la forme du célèbre coach Weymann, vedette de nombreux concours d'élégance. Cette voiture fut malureusement accidentée sur la route Paris-Strasbourg. Ettore Bugatti l'a fait recarrosser, sur un dessin de son fils Jean, en coupé de ville, mais avec un empattement plus court. Cette voiture se trouve actuellement dans la collection Schlumpf.

ROYALE N°2 (N° 41.111) 1932 1939

Elle fut commandée par une célébrité du Tout-Paris de l'époque, Armand Esders, industriel, confectionneur de vêtements. Celui-ci avait choisi une très belle carrosserie roadster dessinée par Jean Bugatti. Chose curieuse, cette voiture était démunie de phares, et entrait ainsi dans la légende. On prétend que cela était dû au fait que le client ne conduisait jamais la nuit. En réalité, il y avait bien deux gros phares Scintilla, mais ils étaient démontés et se trouvaient dans une caisse à l'arrière de la voiture. Ainsi, le chauffeur de monsieur Esders pouvait les installer pour pouvoir rouler la nuit en cas de nécessité. Peu avant la guerre, elle fut vendue par Armand Esders et son nouveau propriétaire la fit carrosser par Binder en coupé de ville quatre places. Cette voiture fait actuellement partie de la collection Harrah (Reno, Névada).

ROYALE N°3 (N° 41.121) 1930

Cette voiture fit le tour du monde et connut bien des aventures. Elle fut achetée par un Allemand, le Dr. Fuchs, qui la fit carrosser chez Weinberger, à Munich, en cabriolet quatre places. On la vit à Trieste, puis à Changhaï, enfin aux Etats-Unis. Elle fut découverte en 1941, chez un «casseur» de New-York, par M.C.A. Chayne, de la General Motors, qui la fit restaurer complètement et qui, par la suite, en fit don au musée Ford de Dearborn.

ROYALE N°4 (N°41.131) 1933

Elle fut acquise en 1933 par un Anglais, le capitaine W. Foster, qui la fit carrosser en limousine Park-Ward. Après treize ans de bons et loyaux services, son propriétaire la vendit à un Américain, qui lui-même la céda à Fritz Schlumpf.

ROYALE N°5 (N° 41.141) 1932

Elle reçut une carrosserie coach deux portes, due à Kellner, et fut exposée au Salon de l'Automobile de Paris en 1932. Il semble qu'elle ne trouva pas d'acheteur car elle resta quelque temps dans la famille Bugatti. Elle finit aux Etats-Unis, aux mains du célèbre Briggs Cunnigham, à Los Angeles, et constitue l'une des plus belles pièces de son musée.

ROYALE N°6 (N° 41.150) 1928

Elle fut équipée dune berline de voyage à quatre portes dessinée par Jean Bugatti et servit à l'usage du Patron. Elle fut ensuite conservée par la famille, puis fut achetée par un collectionneur américain pour aboutir finalement dans le musée de Harrah à Reno.